ANDENNE - Découverte archéologique rare et passionnante à la grotte Scladina : une patte d’ours dans la couche la plus ancienne de fouilles.
Les scientifiques ne vont pas
vendre la peau de l’ours avant de l’avoir exhumé. En l’occurrence, il ne s’agit
pas d’une peau, mais de plusieurs os d’une patte d’ours qui viennent d’être
découverts il y a à peine quinze jours à la grotte Scladina.
Pour le seul site préhistorique
belge fouillé en continuité depuis les années 80, c’est un événement.
Dominique Bonjean, directeur du
centre archéologique de la grotte, confesse que cela met l’équipe sur des
charbons ardents, mais tempère : « C’est une véritable enquête policière qui
commence pour nous, mais il est trop tôt pour se lancer dans des annonces
spectaculaires. »
Sans fouler au pied la rigueur
scientifique, on peut cependant déjà parler d’une trouvaille rare et
passionnante. Explications.
1) Pour la première fois
d’un même ours
Découvrir des os d’ours des cavernes à Scladina, cela n’a rien d’exceptionnel.
Sur les quelque 5 millions d’os qu’on a sorti des entrailles de la grotte, 90 %
venaient d’ours. Ils appartenaient à au moins 2000 spécimens différents venus
sans doute hiberner là.
Dans la plupart des cas, les os
sont retrouvés épars. « Mais ici, explique l’archéologue, il s’agit
de plusieurs pièces encore en connexion anatomique, c’est-à-dire qu’on sait
qu’il s’agit d’un même animal. Ce qui est très rare et très intéressant. »
Pour l’instant, un calcaneum, un
astragale et un métapode ont été dégagés. Dans le carré de fouilles, d’autres
morceaux de cette patte arrière gauche se devinent et, dans celui d’à-côté, un
fémur et un crâne.
L’équipe de Scladina a donc de
bons espoirs de retrouver d’autres parties de la même bête. Dans quelle
quantité ? Dominique Bonjean rêve, bien sûr, d’en avoir un maximum, mais reste
prudent : « Nous allons devoir y aller très doucement, car la couche de
terre où se trouvent les pièces est une mine de renseignements en soi. Elle est
aussi précieuse pour nous que les os eux-mêmes. On va donc l’étudier
minutieusement. »
Pas question de creuser à la
pelle frénétiquement dans l’espoir d’arracher vite fait un squelette. Un
travail géologique de plusieurs mois, voire plusieurs années, commence.
2) Dans la couche la plus
ancienne
Pour le paléontologue, disposer d’une patte, voire plus, de la même bête, est
une aubaine. Son analyse peut apporter des informations clés sur l’espèce : «
Quand on a une caisse remplie d’os mais qu’on ne sait pas s’ils appartiennent à
1 ou 10 ou 100 individus, on ne peut pas tirer les mêmes conclusions. »
De plus, ici, la patte en
question pourrait être celle d’une espèce antérieure à l’ours des caverne. Elle
se trouve en effet dans couche baptisée « 7B » de Scladina, c’est-à-dire la
plus ancienne, à même le fond de la grotte. Elle date d’environ 118 000 ans.
Mais elle pourrait aussi être antérieure à cette estimation et appartenir à un
« ours de Deninger », une espèce moins bien connue car peu documentée en
Europe. La découverte de Sclayn serait dans ce cas plus passionnante encore. On
peut en tout cas dire qu’on est en présence du plus vieux des ours connus à
Andenne à ce jour. C’est une patte de lapin qu’il a fallu pour la trouver
Samuel SINTE
1 commentaire:
Un vieux ours, comme nous vieux spéléos.
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